Du bois déformé par l’agrile du frêne
Depuis deux décennies, l’agrile du frêne, ce coléoptère originaire d’Asie qui grignote le bois de frêne, fait des ravages en Russie et en Amérique du Nord, que ce soit aux États-Unis ou au Canada.
Très difficile à détecter à temps, il provoque une importante déformation du bois, ce qui le rend inutilisable comme matériau de construction, puisqu’il est impossible d’en obtenir des planches standardisées.
Le frêne infesté par l’agrile est alors coupé et reste sur place, ou utilisé comme bois de chauffage, ce qui contribue à propager le coléoptère et à répandre l’infestation. Les pertes sont donc considérables.
Leslie Lok et Sasa Zivkovic, deux architectes américains du cabinet HANNAH, ont réussi un exploit : grâce à une technologie de numérisation 3D très précise, ils sont parvenus à programmer un bras robotisé capable de découper ce bois déformé selon leurs besoins, et à fabriquer une maison à partir de ce matériau de construction, considéré comme perdu.
Une cabane écologique au design unique
Le bras robotisé programmé par Leslie Lok et Sasa Zivkovic était auparavant utilisé dans l’industrie automobile. Couplé à un programme de numérisation 3D, il a pu, grâce à des réglages adaptés aux irrégularités des différentes pièces de bois, procéder à des découpes de haute précision.
Les planches ainsi obtenues sont loin d’être des planches standardisées. Courbées, d’épaisseurs différentes, elles auraient pu être considérées comme inutilisables sans la ténacité et l’inventivité des deux architectes.
La maison construite à partir de ce bois de frêne infesté est une cabane améliorée, au design unique, reposant sur un édifice en béton obtenu par superposition des couches via une imprimante 3D. Cette cabane, sans électricité et sans eau courante, a été construite en pleine nature, dans l’État de New York.
Son aspect irrégulier lui permet de se fondre dans l’environnement, ce qui n’est pas son seul atout. Les techniques de construction utilisées sont économiques et écologiques : grâce à l’impression 3D, une faible quantité de béton a été suffisante sans qu’il y ait eu besoin de recourir à des moules, et le bois qui a servi à sa construction a pu être sauvé, alors qu’il était destiné à être jeté ou brûlé.
Par Jean , le 7 septembre 2021